« … face aux effroyables menaces que l’homme fait peser sur lui-même, on doit se demander s’il pourra se sauver autrement qu’en se dépassant ».
Jean Ronstand (Ce que je crois, Éditions Grasset)

Aujourd’hui, les architectes sont, pour la plupart, convaincus de la nécessité d’adopter une démarche de développement durable dans leur exercice professionnel. Même si cette formule, devenue très commune, recouvre encore de multiples interprétations.

« Souvenons-nous qu’à l’origine, le concept de développement durable devait réconcilier croissance sociale, développement économique, et protection des ressources naturelles et de l’environnement.
Cette définition a été affinée, considérant que le développement durable consistait à « améliorer les conditions d’existence des communautés humaines, tout en restant dans les limites de la capacité de charge des écosystèmes » ».

Au-delà de sa définition pluridisciplinaire (écologique, économique, culturelle et sociale), je considère le développement durable avant tout comme une éthique.

Une « éthique de la modération » d’abord. Nous avons trop souvent négligé la nature en confondant maîtrise et domination, valorisation et surexploitation, abondance et gaspillage. Or, aujourd’hui, la réflexion tend à inverser ce raisonnement, ce systématisme.

Ensuite, une « éthique du bonheur ». Avec le développement durable, la problématique du bonheur et du bien-être est au cœur du projet ; autant pour les maîtres d’ouvrage, que pour les entreprises investies par leur précieux savoir-faire. Le développement durable est le moyen de remettre en question nos habitudes de travail, nos relations avec les différents acteurs de la construction ; chacun étant aujourd’hui au cœur de la conception. Il offre donc l’opportunité de changer notre regard sur les moyens mis en œuvre dans la construction, moyens qui émanent d’une réflexion solidaire, avec une démarche participative et collective. Cette implication de chacun engage un respect mutuel indispensable pour la réussite d’un projet.

Et enfin, une « éthique du progrès ». L’objectif n’est pas de revenir à l’état de nature, mais un retour de la nature au cœur de nos sociétés.

La prise de conscience de l’impact de l’homme sur la Terre et sur les milieux de vie donne un nouvel élan à une architecture responsable qui s’engage dans une création de résistance et d’interdépendance.

Le défi de l’écologie est un défi de l’intelligence.
Le temps de remettre en cause nos pratiques est enfin venu…

Ma démarche illustre ce qu’est pour moi le développement durable, et surtout ce qu’il n’est pas. Le développement durable, ce n’est pas la régression, ce n’est pas la moralisation, et encore moins la diabolisation. Le développement durable est un pont jeté entre deux rives : entre le court terme et le long terme, entre la quantité et la qualité, entre le local et le global, avec comme objectif l’homme et son environnement.

Nous sommes encore maîtres de notre futur…